Eneco démarre les travaux dans la Plaine de Boneffe, à l’insu des citoyens et des autorités publiques
L’exécutif wallon s’accorde le privilège d’outrepasser la plus haute juridiction du pays au bénéfice de promoteurs industriels, au dépens de la biodiversité et du patrimoine commun.
En effet, ce 10 février 2021, les Ministres Tellier et Borsus, responsables respectivement de l’environnement et de l’aménagement du territoire, ont octroyé un septième permis unique à Eneco Wind Belgique pour l’installation d’un parc industriel éolien dans la Plaine de Boneffe. Cela sans attendre le résultat du recours en annulation au Conseil d’État contre le permis précédent. C’est déjà la troisième fois dans ce dossier, que le gouvernement wallon se montre complaisant vis-à-vis de cet acteur industriel.
Comme cela a été le cas en 2020, Ministres et promoteurs tentent de forcer l’installation de ce parc industriel en aire agricole, à l’insu des citoyens et autorités publiques locales. En effet, ils avaient émis leur arrêté le 24 mars 2020, en retirant eux-mêmes le permis de 2018, chose qui n’avait été communiquée au grand public par voie légale qu’à la mi-mai. Eneco, pour nourrir la confusion, clame à qui veut l’entendre que son permis lui avait été octroyé le 29 avril, comme elle l’indique sur son site Internet. Cette fois-ci, la ruse est plus perfide. Car, le permis est à peine remis que les travaux redémarrent ce vendredi 19 février 2021. Or, aucune campagne d’affichage n’a débuté puisque les communes n’ont été averties que cette semaine, et ce en violation de certains articles du permis lui-même.
Ministres et promoteurs travaillent de concert contre les pouvoirs locaux et les citoyens. Car la définition d’un tel calendrier de travaux, avec la garantie que les ouvriers et équipements soient disponibles à temps, n’a pu être décidée sans la certitude que celui-ci soit avalisé par les ministres au moment opportun.
Plaine de Vie ne compte pas en rester là. Après 12 ans de combat pour la défense de la Plaine de Boneffe, nous analysons les termes de ce nouveau permis pour voir ce qu’il apporte de plus par rapport aux précédents, à chaque fois annulés par le Conseil d’État. Afin de permettre à quiconque de prendre connaissance de ce dossier endéans un délai raisonnable, nous emploierons tous les moyens légaux pour arrêter ces travaux. La police a d’ailleurs déjà été informée. Elle a constaté la situation. Reste à faire appliquer la loi.
Rappelons que notre objectif principal, ainsi que celui de Natagora, est de protéger une plaine aux caractéristiques particulières, propice à héberger des oiseaux communes, rares ou en voie de disparition. En plus de cet enjeu de protection de la biodiversité, nous tenons à préserver un patrimoine qui tend à disparaître totalement, qu’est le paysage ouvert (openfield), vue la pression des installations industrielles dans les campagnes, voire même les forêts, sans oublier le patrimoine historique (Bataille de Ramillies & chaussée romaine).
Il est urgent que les décideurs politiques arrêtent de collaborer d’une telle façon avec les promoteurs industriels éoliens et que les élus adoptent des stratégies de gestion de l’énergie mieux planifiées et plus intégrées. La Wallonie est devenue un échiquier géant sur lequel les promoteurs industriels se battent chaque mètre carré pour mieux l’occuper.
C’est grâce à votre soutien indéfectible que nous pouvons continuer ce combat emblématique en la matière. Diffusez cette information et soutenez financièrement notre action. Chaque don sur BE53 0882 4935 4053 (BIC : GKCCBEBB), aussi modeste soit-il, est une pierre à l’édifice.
Eneco passe à l’acte et les travaux irréversibles commencent dans la Plaine, à moins que …
Trois recours en deux semaines pour faire respecter l’État de Droit
Natagora et Plaine de Vie se voient contraintes d’introduire 3 recours pour la protection de la Plaine de Boneffe.
Depuis les annonces communales de la mi-mai, au sujet du permis octroyé le 24 mars 2020 à Eneco par les Ministres Tellier et Borsus, Natagora et Plaine de Vie, au travers de leur avocat, mettent tout en oeuvre empêcher l’édification d’un parc industriel éolien dans la Plaine de Boneffe, étant donné l’importance de l’endroit pour la biodiversité.
En effet, après analyse du nouveau permis, il s’avère que les mesures compensatoires prévues en 2015 ont été réduites de près de 30%, la superficie des parcelles dévolues à celles-ci passant de 41 ha à un peu plus de 29 ha. L’inefficacité de ces mesures est reconnue par toutes les parties. Aucune solution crédible n’est apportée pour compenser effectivement la perte de cette plaine caractéristique.
C’est pourquoi Plaine de Vie s’associe à Natagora qui, de manière plus globale, essaie d’allier les enjeux climatiques à la protection de la biodiversité. Ce 20 juillet, deux recours ont été introduits au Conseil d’État. L’un vise l’annulation du permis et l’autre sa suspension.
Comme déjà vécu à plusieurs reprises, Eneco entame néanmoins les travaux, ignorant les recours à l’étude au Conseil d’État. Pour protéger la Plaine de Boneffe de préjudices irréparables, notre avocat a introduit, ce 4 août, une demande de mesures provisoires d’extrême urgence, assorties d’astreintes si la Région wallonne, représentée par son gouvernement, et Eneco les méconnaissent.
Ceci a pour but de laisser le Conseil d’État statuer sur le permis attaqué et empêcher les intéressés de se jouer des institutions démocratiques. En effet, il est devenu commun pour l’exécutif wallon de retirer les permis qu’il a lui-même délivrés pour en émettre de nouveaux. Cette manoeuvre sape le bon fonctionnement de notre État de Droit, puisqu’il en résulte une surcharge inutile de notre système judiciaire. Ceci sans compter la gabegie que cela représente, comme déjà dénoncé.
Ainsi, depuis 2010, pour « rencontrer » les griefs validés par les recours successifs, Eneco s’adonne à un patchwork administratif en glanant, çà et là, des compléments d’étude et des avis impromptus qui apparaissent en dehors de toute enquête publique. C’est pour casser cette spirale négative, que Natagora et Plaine de Vie se sont vu contraintes d’accélérer le mouvement. Comme tout citoyen faisant appel à la Justice, nous attendons le verdict des procédures ainsi lancées.
Pour protéger la plaine de Boneffe, Plaine de Vie (PdV) fait appel à votre participation.
C’est urgent comme le démontre le début des travaux.
Faites un don, même modeste, sur le compte
BE53 0882 4935 4053 (BIC : GKCCBEBB)
et diffusez cette information.
Les actions judiciaires sont menées conjointement avec Natagora.
—————————————————
La nouvelle majorité de Ramillies veut-elle couper l’herbe sous le pied du Conseil d’État dans le dossier de la Plaine de Boneffe?
Citoyen(ne)s, nous avons besoin de vous ce mercredi 3 avril à 20h au conseil communal de Ramillies !
Voilà plus de dix ans que les associations Plaine de Vie et Natagora défendent la plaine de Boneffe en proie à un projet industriel éolien. Conscients des enjeux climato-environnementaux, nous nous efforçons à relever le débat par rapport à la planification de la production d’énergies renouvelables, sortant du manichéisme « pour ou contre » l’éolien. En effet, les motivations économiques ne peuvent prévaloir ni sur la biodiversité ni sur la santé publique. La défense de la plaine n’a pu être possible sans la participation active et le soutien de citoyens qui refusent une solution « clef sur porte » sans vision globale. Joignant l’action citoyenne, la commune de Ramillies a porté, pour la deuxième fois, un recours auprès du Conseil d’État (CE) qui doit encore prochainement statuer sur ce dossier. Cependant, la nouvelle majorité fraîchement élue semble vouloir jouer de son autorité pour empêcher le CE à remettre son avis. C’est pourquoi votre soutien est plus que nécessaire lors du Conseil Communal de Ramillies ce mercredi 3 avril à 20, au 48 avenue des déportés.
Pourquoi Plaine de Vie, Natagora et récemment la commune de Ramillies ont cru bon introduire ces recours et quels en ont été les résultats?
Avant d’être un projet de production d’énergie renouvelable, la construction d’un parc industriel éolien est un projet économique qui voit ses résultats financiers artificiellement dopés par les subsides publiques dont tout un chacun, qu’il le veuille ou non, y contribue. Ces mécanismes financiers utilisés pour subsidier cette industrie ont été confisqués des citoyens, puisque les certificats verts (CV) ne sont plus de vigueur pour ceux qui investissent dans l’installation de production personnelle. Pis, de nouvelles taxes sont en vue pour ceux qui tentent l’expérience. Ceci dénote bien d’un manque de cohérence des choix politiques antérieurs qui continuent à peser toujours plus lourd sur le portefeuille des citoyens. Par contre, il est toujours loisible pour les industriels de quémander des subsides en capital pour la création de nouveaux parcs éoliens et de réclamer des certificats verts pour la production sur un marché libéralisé de l’énergie. Outre ces aides publiques, Eneco, dans le cas d’espèce, construit son réseau autour de coquilles vides (des sociétés écrans) dont les bénéfices sont reversés à leur maison mère afin d’immuniser les produits financiers ainsi engrangés contre tout risque industriel (effondrement d’un mât, perte de rentabilité, pollution, astreintes pour nos respects des normes…), tout en jouant sur l’effet d’aubaine qu’offre notre système taxatoire inéquitable. Toute autre partie prenante à ce projet n’est pas moins attirée par cet appât du gain qu’elle ne voudrait le prétendre.
Ainsi, afin de maximiser sa profitabilité, le projet industriel éolien de la Plaine de Boneffe initialement visait à construire 17 mâts s’étendant sur toute la plaine, au mépris des considérations environnementales et sanitaires. Suite à une résistance perceptible des riverains et autres défenseurs de l’environnement, le projet s’est vu réduire à 12 mâts lors de la demande de permis.
Ensuite, au travers d’une contre-étude indépendante et entreprise bénévolement, le CE a reconnu l’impact significatif qu’un tel projet avait sur la biodiversité. En effet, l’avifaune y bénéficie d’un type de paysage particulier nécessaire à la nidification de rapaces rares, tel que le busard cendré dont la Wallonie ne compte plus que 3 couples, et d’oiseaux migrateurs protégés, tel que le vanneau huppé. Cette reconnaissance impose désormais au promoteur industriel d’inclure de mesures d’atténuation qui n’auraient pas été consenties si ces recours n’avaient pas été introduits.
En outre, grâce à ces recours, le ministre n’a octroyé le permis que pour 9 mâts éoliens au lieu des 12 demandés. À cela, s’ajoutent des règles strictes quant à la gestion du parc tout au long de sa vie et le suivi de l’impact sur l’avifaune. Ayant vu certaines de ces prescriptions déjà bafouées lors de l’exécution d’un précédent permis (par exemple, le démarrage de chantier en période de nidification), il est à craindre que ce permis soit le début d’une surexploitation de l’espace. En effet, une fois construit, rien n’empêche le promoteur d’étendre son parc, comme cela est le cas pour le parc éolien de Perwez qui ne cesse de grossir telle une tâche d’huile.
Bref, dans ce contexte, Plaine de Vie et Natagora maintiendront, quoi qu’il arrive lors du conseil communal (CC) de Ramillies, leur recours devant le CE. Vous pouvez montrer, par votre présence au CC de ce mercredi, que retirer la demande d’annulation du permis encore à l’étude auprès du Conseil d’État n’est pas un choix judicieux et que cela peut être perçu anti-démocratique puisque cela enlève une source d’information utile pour des prochains développements.
Venez manifester de votre présence votre position lors du conseil communal de Ramillies à 20h ce mercredi 3 avril et n’hésitez pas à interpeller vos relais politiques et élus locaux pour faire entendre votre voix !
Merci d’avance.